Discours de Trotsky avant la signature de Brest-Litovsk (1918)

En février, 1918, le dirigeant socialiste russe Leon Trotksy, a prononcé le discours suivant lors des négociations en vue de la signature du traité de Brest-Litovsk:

Cette guerre a depuis longtemps cessé d'être une guerre défensive pour les deux camps, si jamais cela a été le cas. Si l'Angleterre s'empare des colonies africaines, de Bagdad et de Jérusalem, ce n'est pas une guerre défensive. Et si l’Allemagne occupe la Belgique, la Serbie, la Roumanie, la Pologne et la Lituanie et s’empare des îles dans le Moorsund [The Sound], il ne s’agit pas d’une guerre défensive, mais d’une lutte pour la division du monde. C’est maintenant plus clair que jamais et nous ne voulons plus participer à cette guerre purement impérialiste, où les désirs des classes possédantes sont payés ouvertement avec le sang du peuple.

Notre relation avec les gouvernements impérialistes des deux côtés est la même, et nous ne sommes plus disposés à verser le sang de nos soldats pour les intérêts d'un côté plutôt que de l'autre. Nous sortons notre armée et notre peuple de la guerre, en prévision d'un moment imminent où les peuples opprimés de tous les pays prendront leur sort en main, comme l'ont fait les travailleurs russes. Nos soldats, jadis ouvriers agricoles, doivent regagner la terre que la révolution a retirée des mains des propriétaires terriens et mise entre les mains des paysans pour qu'il puisse labourer paisiblement la terre ce printemps. Notre soldat industriel doit retourner dans son atelier pour produire des armes de production, plutôt que des armes de destruction, et avec le fermier construire une nouvelle économie socialiste.

Nous informons tous les peuples et leurs gouvernements de notre intention de nous retirer de la guerre. Nous donnons l'ordre de démobiliser complètement toutes les armées en action, à savoir les armées d'Allemagne, d'Autriche-Hongrie, de Bulgarie et de Turquie. Nous sommes convaincus que d’autres pays suivront bientôt notre exemple. Dans le même temps, nous déclarons que les conditions proposées par les gouvernements de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie sont fondamentalement incompatibles avec les intérêts de tous les peuples. Les travailleurs de toutes les nations vont rejeter ces conditions, y compris celles de l'Autriche-Hongrie et de l'Allemagne elles-mêmes.