Les efforts d'un diplomate allemand pour mettre fin à la crise de juillet (1914)

Le prince Lichnowsky était un diplomate allemand en poste à Londres en 1914. Il fut l'un des rares Allemands à tenter de résoudre la crise de juillet, comme il le rappelle ici :

Au début, la presse anglaise resta calme et amicale envers l'Autriche car le meurtre [de François Ferdinand] était généralement condamné. Mais peu à peu, de plus en plus de voix se sont fait entendre pour insister avec insistance sur le fait que, même si le crime méritait d'être puni, son exploitation à des fins politiques ne pouvait être justifiée. L'Autriche a été fortement exhortée à faire preuve de modération.

Lorsque l'ultimatum fut publié, tous les journaux, à l'exception du Standard, toujours nécessaire, qui avait apparemment été acheté par l'Autriche, furent unanimes à le condamner. Le monde entier, à l’exception de Berlin et de Vienne, comprit qu’il s’agissait bien de la guerre, de « la guerre mondiale ». La flotte britannique, qui s'était réunie pour une revue navale, n'a pas été démobilisée.

Mes efforts visaient en premier lieu à obtenir de la Serbie une réponse aussi conciliante que possible, l'attitude du gouvernement russe ne laissant place à aucun doute sur la gravité de la situation.

La Serbie a répondu favorablement aux efforts britanniques. [Le Premier ministre serbe] M. Pasitch avait vraiment donné son accord pour tout, à l'exception de deux points au sujet desquels il a toutefois déclaré qu'il était disposé à négocier. Si la Russie et l'Angleterre avaient voulu la guerre pour nous attaquer, une allusion à Belgrade aurait suffi et la note sans précédent n'aurait pas eu de réponse.

[Sir Edward] Gray a parcouru avec moi la réponse serbe et a souligné l'attitude conciliante du gouvernement de Belgrade. Nous avons alors discuté de sa proposition de médiation, qui devait inclure une formule acceptable pour les deux parties pour éclaircir les deux points. Sa proposition était qu'un comité… se réunisse sous sa présidence, et il nous aurait été facile de trouver une formule acceptable sur les points en litige, qui concernaient principalement la collaboration des fonctionnaires impériaux autrichiens aux enquêtes à Belgrade.

Avec la bonne volonté, tout aurait pu être réglé en une ou deux séances, et la simple acceptation de la proposition britannique aurait provoqué un relâchement de la tension et aurait encore amélioré nos relations avec l'Angleterre. J'ai donc fermement soutenu la proposition, au motif que sinon, il y avait un danger de guerre mondiale, à travers laquelle nous ne gagnerions rien et perdrions tout… C'était dérogatoire à la dignité de l'Autriche que nous n'avions pas l'intention de nous ingérer dans les affaires serbes que nous avons laissées ceux-ci à notre allié. Je devais travailler pour «la localisation du conflit».

Il va sans dire qu’une simple allusion de Berlin aurait convaincu le comte Berchtold [le ministre autrichien des Affaires étrangères] de se contenter du succès diplomatique et d’accepter la réponse serbe. L'indice n'a pas été donné ; au contraire, ils poussaient dans le sens de la guerre. Cela [un comité pour éviter la guerre] aurait été un si beau succès.

Après notre refus, Sir Edward nous a demandé de soumettre une proposition. Nous avons insisté sur la guerre… L’impression est devenue de plus en plus forte que nous voulions la guerre en toutes circonstances. Il était impossible d'interpréter autrement notre attitude, sur une question qui ne nous concernait pas directement. Les demandes urgentes et les assurances précises de M. Sazonow, suivies des télégrammes positivement humbles du tsar, les propositions répétées de Grey, les avertissements du marquis San Giuliano et du signor Bollati, mes conseils urgents, tout cela n'a servi à rien. Berlin persistait ; La Serbie doit être massacrée.