Discours d'Adlai Stevenson au Conseil de sécurité de l'ONU (1962)

Le 25th Octobre 1962, à la hauteur de la crise des missiles cubainsAdlai Stevenson, ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'ONU, s'est adressé au Conseil de sécurité des Nations Unies. Là, Stevenson a interrogé le représentant soviétique, Valerian Zorin, sur le point de savoir si les Soviétiques avaient été honnêtes en ce qui concerne la présence de missiles à Cuba:

«Je veux vous dire, M. Zorin, que je n'ai pas votre talent pour l'obscurcissement, la distorsion, la confusion du langage et le doubletalk. Et je dois vous avouer que je suis content de ne pas le faire. Mais si j'ai bien compris ce que vous avez dit, vous avez dit que ma position avait changé, qu'aujourd'hui j'étais sur la défensive parce que nous n'avions pas les preuves pour prouver nos affirmations, que votre gouvernement avait installé des missiles à longue portée à Cuba.

Eh bien, permettez-moi de vous dire une chose, Monsieur l’Ambassadeur: nous avons les preuves. Nous l'avons, et c'est clair et c'est irréfutable. Et laissez-moi ajouter quelque chose: ces armes doivent être retirées de Cuba.

Ensuite, permettez-moi de vous dire que, si je vous ai compris, avec un empiétement sur la crédibilité qui surpasse votre meilleur, vous avez dit que notre position avait changé depuis que j'ai parlé ici l'autre jour à cause des pressions de l'opinion mondiale et de la majorité des Les Nations Unies. Eh bien, laissez-moi vous dire, monsieur, que vous vous trompez encore. Nous n'avons eu aucune pression de la part de qui que ce soit. Nous sommes venus ici aujourd'hui pour indiquer notre volonté de discuter des propositions de M. U Thant, et c'est le seul changement qui a eu lieu.

Mais permettez-moi également de vous dire, monsieur, qu'il y a eu un changement. L’Union soviétique a envoyé ces armes à Cuba. L’Union soviétique a bouleversé l’équilibre des pouvoirs dans le monde. L’Union soviétique a créé ce nouveau danger, pas les États-Unis.

Et vous demandez avec une belle démonstration d’indignation que le Président n’ait pas informé notre témoignage jeudi dernier à M. Gromyko, alors même que celui-ci refusait catégoriquement au Président que l’URSS place de telles armes sur des sites du nouveau monde .

Eh bien, je vais vous dire pourquoi: parce que nous rassemblions les preuves, et il serait peut-être instructif pour le monde de voir jusqu'où un fonctionnaire soviétique irait dans la perfidie. Peut-être avons-nous voulu savoir si ce pays était confronté à un autre exemple de tromperie nucléaire comme celui-là il y a un an lorsque, furtivement, l'Union soviétique a brisé le moratoire sur les essais nucléaires ...

Enfin, l'autre jour, Monsieur Zorin, je vous rappelle que vous n'avez pas nié l'existence de ces armes. Au lieu de cela, nous avons entendu dire qu'ils étaient soudainement devenus des armes défensives. Mais aujourd'hui encore, si je vous ai bien entendu, vous dites maintenant qu'elles n'existent pas, ou que nous n'avons pas prouvé qu'elles existent, avec un autre beau flot de mépris rhétorique.

Très bien, Monsieur, permettez-moi de vous poser une question simple: est-ce que vous, l’Ambassadeur Zorin, niez que l’URSS ait placé et place actuellement des missiles et des sites de portée moyenne et intermédiaire à Cuba? Oui ou non. N'attendez pas la traduction, oui ou non?

[Zorin] «Ce n’est pas un tribunal, je n’ai pas besoin de répondre par oui ou par non…»

[Stevenson] Vous pouvez répondre par oui ou par non. Vous avez nié leur existence. Je veux savoir si je vous ai bien compris. Je suis prêt à attendre ma réponse jusqu'à ce que l'enfer se fige, si c'est votre décision. Et je suis également prêt à présenter les preuves dans cette salle.