Charte 77 appelle au respect des droits de l'homme en Tchécoslovaquie (1977)

La «Charte 77» était une pétition ouverte, rédigée à la fin de 1976 et publiée en janvier 1977. Elle appelait le gouvernement pro-soviétique de Tchécoslovaquie à respecter et à défendre les droits civils et humains de ses citoyens. Au total, 242 personnes de tous horizons ont signé la Charte 77. Plusieurs personnes ont été persécutées, arrêtées et emprisonnées pour leur implication dans la création de ce document:

«Les droits de l'homme et les libertés garantis par le premier pacte constituent des caractéristiques de la vie civilisée pour lesquelles de nombreux mouvements progressistes se sont battus tout au long de l'histoire et dont la codification pourrait grandement contribuer à des développements humains dans notre société. Nous nous félicitons donc de l'adhésion de la République socialiste tchécoslovaque à ces accords. Cependant, leur publication est un puissant rappel de la mesure dans laquelle les droits fondamentaux de l’homme dans notre pays existent, malheureusement, sur le papier uniquement.

Le droit à la liberté d'expression, par exemple… est dans notre cas purement illusoire. Des dizaines de milliers de nos citoyens sont empêchés de travailler dans leurs propres domaines pour la seule raison qu'ils ont des opinions différentes de celles officielles, et sont victimes de discrimination et de harcèlement de toutes sortes de la part des autorités et des organisations publiques. Privés de tout moyen de se défendre, ils deviennent victimes d'un quasi-apartheid.

Des centaines de milliers d'autres citoyens se voient refuser cette «liberté contre la peur» mentionnée dans le préambule du premier pacte, étant condamnés au risque constant de chômage ou d'autres sanctions s'ils expriment leurs propres opinions.

En violation de la deuxième convention mentionnée, garantissant à chacun le droit à l'éducation, d'innombrables jeunes sont empêchés d'étudier en raison de leurs propres opinions ou même de celles de leurs parents. D'innombrables citoyens vivent dans la crainte du retrait de leur droit à l'éducation ou de celui de leurs enfants s'ils doivent jamais s'exprimer conformément à leurs convictions ...

La liberté d'expression publique est entravée par le contrôle centralisé de tous les moyens de communication et des institutions éditoriales et culturelles. Aucune vision philosophique, politique ou scientifique ou activité artistique qui s'écarte si légèrement des limites étroites de l'idéologie ou de l'esthétique officielle n'est autorisée à être publiée; aucune critique ouverte ne peut être faite des phénomènes sociaux anormaux; aucune défense publique n'est possible contre des accusations fausses et insultantes faites dans la propagande officielle…

La liberté de confession religieuse, absolument garantie par l'article 18 du premier pacte, est continuellement restreinte par une action officielle arbitraire; par ingérence dans l'activité des hommes d'Église, constamment menacés par le refus de l'Etat de leur permettre d'exercer leurs fonctions, ou par le retrait d'une telle autorisation; par des transactions financières ou autres contre ceux qui expriment leur foi religieuse en paroles ou en actes; par des contraintes sur la formation religieuse et ainsi de suite…

La Charte 77 est issue d’un fond d’amitié et de solidarité entre des personnes qui partagent notre préoccupation pour ces idéaux qui ont inspiré et continuent d’inspirer leur vie et leur travail. Charter 77 n'est pas une organisation; il n'y a pas de règles, d'organes permanents ou de membres formels. Il comprend tous ceux qui souscrivent à ses idées et participent à ses travaux. Il ne forme la base d'aucune activité politique d'opposition. Comme beaucoup d'initiatives citoyennes similaires dans divers pays, occidentaux et orientaux, elle vise à promouvoir l'intérêt général.

La Charte 77 ne vise donc pas à définir sa propre plate-forme de réforme ou de changement politique ou social, mais dans son propre champ d'impact à mener un dialogue constructif avec les autorités politiques et étatiques, notamment en attirant l'attention sur des cas individuels où l'homme et les frayeurs civiques sont violées, pour documenter ces griefs et suggérer des remèdes, pour faire des propositions de caractère plus général visant à renforcer ces droits et mécanismes de protection, pour agir en tant qu'intermédiaire dans les situations de conflit pouvant conduire à des violations des droits et ainsi de suite…

Nous pensons que la Charte 77 contribuera à permettre à tous les citoyens tchécoslovaques de travailler et de vivre en tant qu’êtres humains libres. »