Un reportage britannique sur le déclenchement de la guerre (1914)

Ce reportage sur le déclenchement de la guerre vient du London Miroir quotidien, Août 4ème 1914:


La Grande-Bretagne déclare la guerre à l'Allemagne!

La Grande-Bretagne est en état de guerre avec l'Allemagne. Il a été officiellement déclaré hier soir au Foreign Office que la Grande-Bretagne avait déclaré la guerre à l'Allemagne à 7.00 heures. L'ambassadeur britannique à Berlin a reçu son passeport. La guerre a été la réponse de l'Allemagne à notre demande de respecter la neutralité de la Belgique, dont nous étions liés en l'honneur et par les obligations conventionnelles de maintenir inviolables.

S'exprimant dans une Chambre bondée et silencieuse, le Premier ministre a fait hier après-midi la déclaration suivante: «Nous avons demandé au gouvernement allemand d'avoir une assurance satisfaisante quant à la neutralité belge avant minuit ce soir.» La réponse allemande à notre demande, déclarée officiellement hier soir, n'était pas satisfaisante.

Le Roi a adressé le message suivant à l'amiral Sir John Jellicoe: «En ce moment grave de notre histoire nationale, je vous envoie et, par votre intermédiaire, aux officiers et aux hommes des flottes, dont vous avez pris le commandement, l'assurance de je suis convaincu que sous votre direction, ils raviveront et renouvelleront les vieilles gloires de la Royal Navy, et prouveront une fois de plus le bouclier sûr de la Grande-Bretagne et de son Empire à l'heure du procès.

Le message ci-dessus a été communiqué aux officiers supérieurs de la marine dans toutes les stations hors des eaux territoriales. On a appris hier soir que l'Allemagne avait pris la première mesure hostile en détruisant une couche de mines britannique.

À l’heure actuelle, l’Allemagne est en guerre avec la Grande-Bretagne, la Russie, la France et la Belgique. Il semblerait que l’Allemagne, dans son ambition de contrôler le destin de l’Europe entière, soit prête à se lancer dans n’importe quel projet d’aventure grandiose, aussi précaires que soient ses chances. En ce qui concerne la Grande-Bretagne, son attitude a toujours été claire, directe et parfaitement intelligible. Elle était prête à se tenir à l’écart du conflit qui touche désormais pratiquement toute l’Europe. Mais elle a insisté et a dû insister sur deux choses : le respect de la neutralité de la Belgique ; et que la flotte allemande ne devait pas bombarder les villes françaises sans défense…

Dans un silence tendu dans toutes les parties de la Chambre des communes hier, le premier ministre a fait sa déclaration capitale. Il expliqua comment le roi des Belges avait fait appel à l'Angleterre pour une intervention diplomatique au nom de son pays - l'Allemagne ayant exigé le libre passage de ses troupes à travers la Belgique, promettant de maintenir l'intégrité et l'indépendance du royaume.

«En même temps», a poursuivi M. Asquith, «nous avons reçu de la légation belge à Londres le télégramme suivant du ministre belge des Affaires étrangères:« L'état-major annonce que le territoire a été violé à Verviers, près d'Aix-la-Chapelle. Les informations ultérieures tendent à montrer qu'une force allemande a pénétré encore plus loin sur le territoire belge. ''

« Nous avons également reçu ce matin de l'ambassadeur d'Allemagne ici un télégramme qui lui a été envoyé par le ministre allemand des Affaires étrangères : 'Veuillez dissiper toute méfiance qui doit exister de la part du gouvernement britannique à l'égard de nos intentions en répétant, de la manière la plus positive, la déclaration formelle. l'assurance que, même en cas de conflit armé avec la Belgique, l'Allemagne n'annexera pas, sous quelque prétexte que ce soit, le territoire belge. Veuillez faire comprendre à Sir Edward Gray que l'armée allemande ne pouvait pas être exposée à une attaque française à travers la Belgique, qui était planifiée sur la base d'informations absolument irréprochables.

«J'ai», a poursuivi M. Asquith, «ajouter ceci au nom du gouvernement: nous ne pouvons en aucun cas considérer cela comme une communication satisfaisante. Nous avons, en réponse, réitéré la demande que nous avions faite la semaine dernière au gouvernement allemand de nous donner la même assurance en ce qui concerne la neutralité belge que celle qui nous a été donnée à nous et à la Belgique par la France la semaine dernière.

Le roi et la reine, accompagnés du prince de Galles et de la princesse Mary, ont été accueillis par des acclamations féroces et enthousiastes lorsqu'ils sont apparus hier soir vers huit heures sur le balcon du palais de Buckingham, devant lequel une foule record s'était rassemblée.