Un écrivain allemand sur la nécessité de la guerre (1914)

Dans 1914, l’écrivain militaire allemand, le général Friedrich von Bernhardi, a parlé d’une guerre imminente. Dans cet extrait, il décrit la nécessité de la guerre, ainsi que les liens entre progrès, darwinisme et guerre:

Ce désir de paix a rendu anémiques la plupart des nations civilisées et marque un déclin de l’esprit et du courage politique… « Cela a toujours été », nous dit von Treitschke, « les âges las, sans esprit et épuisés qui ont joué avec le rêve d’une vie perpétuelle ». paix."

Tout le monde admettra, dans certaines limites, que les efforts visant à réduire les dangers de la guerre et à atténuer les souffrances qu’entraîne la guerre sont justifiables. Il est incontestable que la guerre perturbe temporairement la vie industrielle, interrompt un développement économique tranquille, entraîne une misère généralisée et souligne la brutalité primitive de l'homme. Il est donc très souhaitable que les guerres pour des raisons insignifiantes soient rendues impossibles et que des efforts soient faits pour limiter les maux inhérents à la guerre, dans la mesure où cela est compatible avec le caractère essentiel de la guerre.

Tout ce que le Congrès de la paix de La Haye a accompli dans ce domaine limité mérite… une reconnaissance universelle. Mais c’est tout autre chose si l’objectif est d’abolir entièrement la guerre et de nier sa place nécessaire dans le développement historique. Cette aspiration est directement antagoniste aux grandes lois universelles qui régissent toute vie. La guerre est une nécessité biologique de première importance, un élément régulateur de la vie de l'humanité dont on ne peut se passer, car sans elle suivra un développement malsain, qui exclut tout progrès de la race, et donc toute véritable civilisation.

«La guerre est le père de toutes choses», écrivait Héraclite. Les sages de l'Antiquité bien avant Darwin l'ont reconnu. La lutte pour l'existence est, dans la vie de la nature, la base de tout développement sain. Toutes les choses existantes se révèlent être le résultat de forces de contestation. Ainsi, dans la vie de l'homme, la lutte n'est pas simplement le principe destructeur, mais le principe vital. «Remplacer ou être supplanté est l'essence de la vie», dit Goethe, et la vie forte prend le dessus.

La loi du plus fort s’applique partout. Survivent les formes capables de se procurer les conditions de vie les plus favorables et de s'affirmer dans l'économie universelle de la nature. Les plus faibles succombent. Cette lutte est régulée et restreinte par l'influence inconsciente des lois biologiques et par l'interaction de forces opposées… Dans la race humaine, elle est menée consciemment et réglementée par des ordonnances sociales. L'homme doué d'une forte volonté et d'une forte intelligence essaie par tous les moyens de s'affirmer, l'ambitieux s'efforce de s'élever, et dans cet effort l'individu est loin d'être guidé par la simple conscience du bien. Le travail et la lutte de beaucoup d'hommes sont déterminés, sans aucun doute, par des motivations altruistes et idéales, mais dans une bien plus grande mesure, les passions les moins nobles – le désir de possession, de jouissance et d'honneur, l'envie et la soif de vengeance – déterminent les actions des hommes.