Les ministres autrichiens débattent de l'action sur la Serbie (1914)

Le X juillet 7, le Conseil des ministres de l’Autriche-Hongrie s’est réuni à Vienne pour formuler une réponse à l’assassinat de Franz Ferdinand. Le document suivant est un résumé abrégé du compte rendu de cette réunion:

Le Conseil ministériel a été appelé pour donner des avis sur les mesures à prendre pour réformer les mauvaises conditions politiques internes en Bosnie-Herzégovine, comme l’a montré l’événement désastreux de Sarajevo. De l'avis du président, diverses mesures internes étaient disponibles en Bosnie… pour faire face à la situation critique. Mais avant tout, ils doivent se décider si le moment n'est pas venu de réduire la Serbie à une inoffensive permanente par une démonstration de puissance [autrichienne].

Un coup aussi décisif ne saurait être porté sans préparation diplomatique préalable; par conséquent, il s'était adressé au gouvernement allemand. Les conversations à Berlin avaient abouti à un résultat très satisfaisant; le Kaiser Wilhelm et le [chancelier] von Bethmann Hollweg ont assuré avec la plus grande insistance le soutien inconditionnel de l'Allemagne en cas d'hostilités avec la Serbie…

Le Premier ministre hongrois a reconnu qu'au cours des derniers jours, les résultats de nos enquêtes et le ton de la presse serbe avaient donné un aspect matériellement nouveau aux événements, et a souligné le fait qu'il tenait lui-même la possibilité d'une action guerrière contre la Serbie. plus évident qu'il ne l'avait pensé dans la période qui a suivi l'acte de Sarajevo. Mais il ne donnerait jamais son consentement à une attaque surprise contre la Serbie sans une action diplomatique préalable ... si cela était fait, à son avis, notre position aux yeux de l'Europe serait extrêmement mauvaise, et selon toute probabilité, nous devrions compter avec l'inimitié de l'ensemble des Balkans…

Il était absolument nécessaire que nous formulions des demandes contre la Serbie et n'envoyions un ultimatum qu'au cas où la Serbie ne les satisferait pas. Ces exigences doivent sans aucun doute être difficiles mais ne doivent pas être impossibles à satisfaire. Si la Serbie les acceptait, nous devrions pouvoir citer une victoire diplomatique fulgurante, et notre prestige dans les Balkans augmenterait. Si nos demandes n'étaient pas acceptées, lui-même serait alors pour une action guerrière. Même à ce stade, il a jugé essentiel d'insister sur le fait que l'objet d'une telle action devrait être la réduction de la Serbie mais pas son anéantissement complet ...

Ce n’était pas à l’Allemagne de juger si nous devons maintenant porter un coup à la Serbie ou non. Personnellement, il était d'avis qu'il n'était pas absolument nécessaire de faire la guerre en ce moment ... malgré la crise des affaires en Bosnie, il ne se déciderait pas inconditionnellement à la guerre ...

[Le président a répondu que] au cours des derniers jours, toute la situation avait retrouvé un teint matériellement frais et une situation psychologique s'était créée, ce qui, à son avis, conduisait inconditionnellement à une question d'armes avec la Serbie… Comment commencer le conflit était une question de détail…

Il serait souhaitable, d'un point de vue militaire, que la mobilisation puisse être effectuée immédiatement et secrètement et qu'une convocation ne soit adressée à la Serbie qu'une fois la mobilisation achevée. Ce serait également une bonne chose en ce qui concerne les forces russes, car à peu près à cette époque, les forces frontalières russes n’étaient pas à leur pleine puissance en raison de la période de récolte…

Une discussion s'ensuit sur les points à inclure dans les demandes à mettre dans la Note à la Serbie. Le Conseil ministériel n'a pas pris de décision définitive sur ces points; des suggestions ont simplement été faites en vue de se faire une idée des demandes qui pourraient être formulées…

Après la rédaction d'un communiqué à l'intention de la presse, le président clôt la réunion.