Un juif polonais sur l'interdiction du culte juif (1940)

Chaim Kaplan, un enseignant juif vivant dans la Pologne occupée par les nazis, a écrit dans son journal sur l'interdiction du culte juif par le Schutzstaffel (SS):

«La prière publique en ces temps dangereux est un acte interdit. Quiconque est pris dans ce crime est condamné à une punition sévère. Si vous voulez, c'est même du sabotage, et quiconque s'engage dans un sabotage est passible d'exécution. Mais cela ne nous dissuade pas. Les Juifs viennent prier en groupe dans une pièce intérieure donnant sur la cour, avec des stores tirés aux fenêtres.

Même pour les jours saints élevés, il n'y avait aucune permission pour le culte communautaire. Je ne sais pas si le Judenrat a tenté de l'obtenir, mais s'il n'a pas essayé, c'est uniquement parce que tout le monde savait à l'avance que la demande serait rejetée. Même dans les jours les plus sombres de notre exil, nous n'avons pas été testés avec ce procès. Jamais auparavant il n'y avait eu de gouvernement si diabolique qu'il interdirait à tout un peuple de prier. Tout nous est interdit. La merveille est que nous sommes toujours vivants et que nous faisons tout.

Et cela est vrai aussi de la prière publique. Des minyanim secrets par centaines à travers Varsovie organisent des services et ne sautent même pas les hymnes les plus difficiles de la liturgie. Il n'y a même pas de pénurie de sermons. Tout est conforme aux anciennes coutumes d'Israël… Ils choisissent une pièce intérieure dont les fenêtres donnent sur la cour et déversent leurs supplications devant le Dieu d'Israël en chuchotant. Cette fois, il n'y a pas de chanteurs et de chorales, seulement des prières chuchotées. Mais les prières sont sincères; il est également possible de pleurer en secret, et les portes des larmes ne sont pas verrouillées.