Rapport sur les atrocités commises en Indochine française (1933)

La source suivante provient d’un rapport français sur répression coloniale et atrocités en Indochine française, entre 1930-33:

«La répression hystérique qui a suivi ces manifestations indigènes a conduit à de grandes cruautés. Des arrestations massives ont eu lieu et la torture, selon les rapports de presse, a été largement appliquée, en particulier à Thu-Duc, Saigon et Cholon, où la torture électrique a été utilisée. Selon Andree Viollis, les méthodes comprenaient également la privation de nourriture, le bastinado [la bastonnade sur la plante des pieds], les épingles martelées sous les ongles, la demi-pendaison, la privation d'eau, des pinces sur les tempes (pour forcer les yeux vers l'extérieur) et un nombre d'autres qui ne sont pas imprimables. On peut citer: «Avec une lame de rasoir, couper la peau des jambes en longs sillons, remplir la plaie de coton et brûler le coton».

L'infanterie, principalement de la Légion étrangère et de la Légion coloniale, était encore plus destructrice [que l'attaque aérienne]. Le récit des brutalités est loin d’être agréable à lire, pas plus que la propagande contre les atrocités n’est une forme utile de propagande. Mais comme certains légionnaires ont été accusés d'excès de zèle plus tard lors d'un procès à Hanoi en juin 1933, il est possible d'extraire certaines parties du procès-verbal qui montreront à qui incombe la responsabilité de ce comportement.

Les extraits sont tirés de La Franche-Indochine et traitent de l'audience du 12 juin:

Lieutenant Lémoanne: J'ai reçu les ordres du commandant Lambert de tuer tous les prisonniers. À l'occasion, j'ai capturé des communistes en flagrant délit [en flagrant délit] et les ai exécutés sur-le-champ.

Le président: Vous avez eu des prisonniers torturés.

Lamoanne: C'était pour influencer la population.

Capitaine Doucin: Des instructions précises ont été données dans le message confidentiel 280 du 8/10/30, ordonnant l'exécution de tout communiste pris en flagrant délit… Je sais bien que des actes sanglants ont été commis. Mais qui a été abattu? Communistes! Eh bien, je ne pense pas que suffisamment ont été fusillés. C'est mon avis…

Le président [au légionnaire Palowski]: Avez-vous reçu des instructions pour exécuter des prisonniers?

Palowski: Oui, instructions de Monsieur Robin, qui nous a ensuite félicité et dit: Tres bien! Continuez!

Les accusés ont été acquittés.